(Première mouture)
L’ENFANT ET L’ÉMULATION
L’on définit l’émulation comme le sentiment qui pousse un individu
à imiter quelqu’un qu’il admire. Il s’agit donc d’un désir conscient de se
rapprocher de ce qui charme une personne. Dans une définition plus explicite,
l’on définit l’émulation comme un effort considérable non pas seulement
d’imiter la personne admirée, mais de la surpasser. Autrement dit, l’émulation
se passe dans l’action de faire l’effort de mieux faire quelque chose que
l’individu idolâtré.
Alors, l’enfant, dans sa quête de vouloir faire mieux que la
personne qu’il cherche à imiter, doit avoir le sentiment qu’il puisse la
détrôner. Autrement, s’il sent que ça lui est impossible, que son objectif est
inatteignable, il perd toute motivation à vouloir atteindre son objectif, et le
système d’émulation n’a alors plus sa raison d’être.
L’enfant doit donc à la fois ressentir le désir d’imiter quelqu’un
pour qui il a en admiration et sentir qu’il a le pouvoir de le
surclasser.
LA RENAISSANCE DE L’ÉMULATION CHEZ L’ENFANT TDA(H)
L’élément déclencheur qui incite l’enfant à s’instaurer un système
d’émulation est la motivation. La
motivation de protéger et de bonifier son estime de lui, son amour-propre,
autrement dit, qui l’amène à se préférer aux autres, qui le fait se choisir. C’est
cet état d’être qui le porte à entreprendre des actions constructives, valables
et salutaires. En somme, ce sentiment le porte à se faire du bien et à faire du
bien aux autres, et non le contraire.
Or, chez l’enfant TDA(H), les choses ne se produisent pas de la
même manière : il se sent fragilisé sur son estime de lui. Vivant mal cet
état d’être, l’enfant cherche à protéger son amour-propre, ce qui l’incite à
entreprendre des actions, à poser des gestes et à prononcer des paroles
inconvenables.
Très vite, sans qu’il ne s’en rende compte, l’enfant se
conditionne à vivre en communauté, mais sans vraiment y être : le bien paraître
devient une seconde nature, et il ne cherche jamais vraiment à vouloir
atteindre un but précis sur le plan de ses apprentissages, car, s’il s’y
mettait véritablement, il pourrait faire l’objet d’estime d’autrui et, donc,
d’approbation, ce qu’il croit improbable. Autrement dit, l’enfant TDA(H)
cherche à éviter les situations de comparaison parce que, s’il s’y mettait, les
autres pourraient porter atteinte à son estime de lui, déjà fragilisé.
Or, pour qu’il y a ait estime de soi, il faut instaurer un système
d’émulation. Et qui dit système d’émulation
dit situation de comparaison. L’enfant
doit donc réapprendre à vouloir imiter quelqu’un. Et c’est ici qu’intervient le
tuteur de français spécialisé en métacognition, en redressant les
apprentissages du français de l’enfant TDA(H).
DES INTERVENTIONS CIBLÉES, PRÉCOCES ET EFFICIENTES : UN DÉFI
DE TAILLE
Pour que l’enfant veuille à
nouveau s’instaurer un système d’émulation, pour que cela puisse s’initier, le
tuteur spécialisé en métacognition doit intervenir le plus tôt possible dans les
apprentissages de l’enfant TDA(H) et il doit irrémédiablement être efficient
dans ses interventions. Il doit en effet démontrer à l’enfant, voire lui
prouver, hors de tout doute, que celui-ci est capable de l’imiter, que cela
n’existe pas seulement dans le domaine des possibilités et qu’il ne s’agit pas
d’une illusion, mais bien d’une réalité.
Dès qu’il y parvient, une partie s’engage. Le tuteur doit dès lors
marquer des points afin de maintenir en place le système d’émulation pour garder
intact la motivation de l’enfant, et c’est en se servant de matériel pédagogique
stimulant qu’il y parvient, lequel sert, en quelque sorte, d’élément
déclencheur puisqu’il incite l’enfant à vouloir s’investir dans la progression
de ses apprentissages.
Au bout d’un moment, à son insu, l’enfant TDA(H) commence à
développer de nouveaux réflexes dans son quotidien, de nouvelles habitudes sur
l’application de ses notions du français. Il est ici question de
reconditionnement.
LA CONSÉCRATION
Bien sûr, au début, le reconditionnement d’un réflexe sur ses
apprentissages se fait dans le K O, et l’enfant se sent mal habile. Or,
étrangement, même s’il n’obtient pas immédiatement les résultats escomptés –
sur le plan de la notation –, l’enfant se sent d’attaque, et sa motivation est
intacte. Et il se sent ainsi parce qu’il se dit qu’il possède quelque
chose que les autres enfants n’ont pas, soit du matériel qui lui donne la
possibilité de performer. Autrement dit, il peut se comparer à ses semblables
et est fier de pouvoir le faire. Il renoue enfin avec le désir de se comparer à
ses pairs. La suite ? Multiplier l’expérience, faire en sorte que l’enfant
ressente qu’il est efficient, encore et encore. Au bout d’un moment, il finit non
seulement par y croire, mais il le devient, et les résultats s’ensuivent, la
consécration d’efforts concertés.
Manon Éléonor Rossignol
manoneleonor.blogspot.com
www.tutoratdefrancaismetacogntion.com
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