En fait, l’on n’oblige pas les élèves
à s’adonner à l’écriture, car ça ne fait pas partie des « us et
coutumes » des établissements scolaires au Québec. En effet, sur ce point
de vue, l’on n’a établi aucun consensus. Si c’était le cas, le gouvernement
aurait implanté un programme d’entraînement quotidien où tous les élèves seraient
obligés de se consacrer à l’écriture durant une période scolaire.
Ceci dit, puisqu’on ne nait pas
avec un crayon dans l’oreille et que l’on ne conditionne pas l’enfant à écrire
des textes par une séance d’écriture obligatoire à l’école, c’est le parent qui
doit s’acquitter de cette tâche. Voici donc ce que tout parent doit savoir sur
l’art d’apprendre à un enfant à bien écrire un texte.
UN
COFFRE À OUTILS BIEN GARNI
Il y a trois choses qu’un jeune doit
faire pour arriver à bien écrire un texte. Les deux premières : il doit lire
beaucoup et beaucoup écrire. L’un ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas à s’en
sortir de là. Même s’il se tape un livre par semaine, le jeune doit écrire des
textes, car, si la lecture le familiarise avec le processus d’écriture, la mise
en pratique, elle, le lui rend « accessible » : le jeune
entraîne son cerveau à « photographier » les techniques et les styles
d’écriture en lisant un livre ; l’acte d’écrire un texte, lui, permet au
jeune de « matérialiser » ce que sa mémoire s’habitue à « photographier ».
C’est un peu comme s’il recréait une copie de l’imagerie que crée son cerveau,
lorsqu’il écrit un texte.
La troisième : il doit se
munir d’un coffre à outils. Dans ce coffre, il y a du vocabulaire, vocabulaire que
le jeune acquiert par ses lectures quotidiennes. Il doit aussi y avoir de la
grammaire. Et pour cause ! Si votre jeune écrit des phrases comme celle-ci,
appelez tout de suite la police : le corps a été transporté jusqu’au
salon. Sac à papier ! Le tueur, où est-il ? S’il y a un corps étendu dans
le salon, c’est qu’il y assurément un tueur caché à quelque part dans la maison,
non ? À moins qu’un régiment de fourmis l’aient transporté jusqu’au salon,
le corps ne peut s’être déplacé par lui-même jusqu’à là. Il faudrait plutôt
écrire ceci : le tueur a transporté le corps jusqu’au salon. Là, c’est
mieux ! Après tout, c’est toujours bien le tueur qui l’a tué, ce corps !
En somme, il importe peu qu’un enfant
aille dans une école privée ou une école publique, car la règle est la même
pour tout le monde lorsqu’on veut bien écrire un texte : lire beaucoup et beaucoup
écrire.
IL N’Y A PAS DE PASSE-DROIT AU
CÉGEP !
Le jeune qui s’est dispensé de la
lecture et de l’écriture durant son primaire et son secondaire, ça devient
dramatique pour lui, au cégep, puisqu’il n’y a pas de passe-droit rendu là.
Rendu là, on prend pour acquis que l’étudiant maîtrise la langue française tant
sur la grammaire, sur l’orthographe, sur la syntaxe, sur la ponctuation, sur
les homonymes que sur l’analyse des textes, sur la compréhension des figures de
style et sur la théorie et la pratique de l’argumentation.
Concrètement, ce que ça veut
dire, c’est que le cégépien doit être efficient sur la rédaction de ses textes.
Il doit donc être capable de produire un texte en ne faisant qu’une faute aux
quarante-cinq mots écrits. Et il est mieux d’y arriver, car, l’on soustrait 30 points de sa note finale, pour les fautes qu’il laisse dans une dissertation. Quand
on pense que la dissertation ministérielle compte 900 mots, on comprend
pourquoi il vaut mieux maîtriser la langue française bien avant d’arriver au cégep.
En terminant, j’ose donner un
conseil aux parents : si votre enfant se trouve au primaire ou au
secondaire, il est de votre devoir de lui apprendre à « engranger » de
l’expérience sur la langue française. Habituez-le à aller chercher des
compétences en grammaire. Entraînez-le à photographier les styles et les
techniques d’écriture par la lecture et amenez-le à acquérir de l’expérience en
écriture. Ces règles, tatouez-vous-les sur le front, s’il le faut, mais, de
grâce, ne les oubliez pas. Ne les cachez pas au fond de votre mémoire !
Manon Éléonor Rossignol,
Chercheuse indépendante en enseignement du français par des processus métacognitifs pour
l’apprenant TDA(H)
Rédactrice, correctrice-réviseure,
Romancière
manoneleonor.blogspot.ca
manoneleonor@videotron.ca