dimanche 28 février 2016

C’EST COMME VOULOIR TIRER UN PET D’UN ÂNE MORT : PLUS RIEN NE BOUGE !



« J’ai tout essayé, madame Rossignol. Tout !  Un neuropsychologue a d’abord évalué mon fils. Il lui a diagnostiqué un TDA(H), doublé d’un trouble anxieux. Ensuite, j’ai fait suivre mon fils par une orthopédagogue pendant trois ans. Je l’ai même fait voir par un psychologue, sans parler des médecines douces qu’on a essayées pendant un moment. Même l’alimentation, madame Rossignol. J’ai tout essayé. Mais rien n’y fait. Rien ne fonctionne sans parler de la facture. Une facture salée. Je commence à me sentir désabusée et j’ai peur de ce que l’avenir réserve à mon fils. Pourquoi rien ne fonctionne ? Pourquoi mon fils refuse-t-il toujours de s’appliquer à la tâche, de faire ses devoirs et de bien les faire ? »

« Votre fils ne fait rien parce qu’il est motivé à ne rien faire et que vous ne l’avez pas entendu jusqu’à présent. Pis encore : vous l’avez incité à s’entraîner à ne rien faire. Et plus vous continuerez à ne rien entendre plus astucieux sera votre enfant sur les stratégies qu’il inventera pour ne rien faire sur ses apprentissages. En fait, j’ajouterais ceci : votre fils ne fait rien parce qu’il est intelligent. Il sait que, s’il s’aventurait dans le monde « fantastique des apprentissages du français », il en sortirait amoché. Il sait que cela ne serait pas une partie de plaisir. Il sait que ça lui ferait mal, parce qu’il se sentirait humilié et que ça serait invivable pour lui, voire impensable, de s’adonner à de telles tortures. En somme, votre enfant est motivé à se protéger, à protéger son estime de lui, estime qu’il a perdue depuis qu’il a posé les yeux sur un livre et qu’il n’y a vu que du feu.

Donc, avant qu’il se décide de se réinvestir dans ses apprentissages, vous devrez vous lever tôt, car, dans les faits, votre fils, tant qu’il ne sera pas convaincu qu’en sy remettant il puisse « performer », jamais, il ne bougera. Jamais, votre fils ne s’investira dans ses apprentissages. En fait, il préférera descendre aux enfers plutôt que de s’appliquer à la tâche, parce que le coupable, au fond, ce n’est pas lui. La coupable, c’est la langue française.

C’est la langue française, la coupable, parce que personne ne l’entend celle-là. Elle est sournoise. Aussi, comme personne ne s’en soucie, parce que tout le monde croit que la langue française ne fait pas partie de l’équation sur le redressement des apprentissages du français d’un apprenant TDA(H), ce qui, en soit, est illogique, votre fils persistera à rester dans cette voie sur ses apprentissages. Et il continuera à s’y enfoncer parce que c’est le français qui est responsable de son état d’être. De cela, il en est convaincu. 

C’est lui qui en est la cause parce que c’est à cause de lui qu’il a jeté par-dessus bord son système d’émulation. Pis encore : par sa faute, on l’a obligé à voir plein de spécialistes, lesquels, au fil du temps, l’ont amené à croire qu’il a des bobos dans le traîneau. Par sa faute, ses parents l’ont grondé bien des fois parce qu’il a refusé de faire ses devoirs. C’est pour cela qu’il le déteste, qu’il déteste le français.

Mais c’est surtout parce qu’il ne se sent pas entendu. Votre enfant est pourtant très limpide dans ses propos, et ce, depuis un bon moment : je ne comprends, maman, en classe, les explications de la prof sur la matière, vous a-t-il argumenté, un jour, parce que vous lui brandissiez son bulletin, le visage rouge cramoisi, état d’être qui n’a fait que le tourmenter, voire l’inciter à se tourner le couteau dans la plaie et lui faire d’avantage détester le français. Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre. Il vous l’a dit. Et à plusieurs reprises : je ne comprends pas, maman, les notions que m’enseigne ma prof.

Donc, quand bien même que vous paieriez des dizaines de milliers de dollars pour obtenir un bon diagnostic, un plan d’intervention adéquat, des rencontres en privé avec une orthopédagogue, du tutorat, un, deux ou trois psychostimulants, des Klendaks, pendant qu’on y est, tant qu’il se sentira incompris, votre fils ne bougera pas sur ses apprentissages.

Ce que vous essayez de faire, en somme, c’est comme vouloir tirer un pet d’un âne mort : votre enfant ne bouge pas parce qu’il est motivé à se protéger. Parce qu’il est motivé à protéger son estime personnelle. Parce qu’il est motivé à protéger son estime de lui pour le peu qu’il lui en reste.

Qu’est-ce qui le fera donc bouger ? Votre fils bougera le jour où vous lui procurerez de l’outillage sur ses apprentissages qui lui permettra de se sentir compétent et efficient. Et ce qui peut l’amener à l’être, c’est un élément déclencheur, soit du matériel pédagogique adéquat, c’est-à-dire du matériel qui l’incite à s’investir dans un processus de compréhension. Du matériel qui répond, en fait, à ses milles et une question. Du matériel qui lui permet enfin de comprendre la notion à l’étude. Dès lors, votre fils s’investira dans ses apprentissages puisqu’il aura un as dans sa poche qui lui permettra de bonifier son estime de lui. Un allié, en quelque sorte, puisque la langue française ne sera enfin plus une menace pour lui.

Et croyez-moi, tout enfant TDA(H), lorsqu’on lui fournit du matériel pédagogique adéquat, s’investit dans ses apprentissages, au début, avec réticence, je l’avoue ; ensuite, avec entrain ; et enfin, à fond de train, car il lui tarde de pouvoir à nouveau se mesurer à ses pairs et parce qu’il se sent désormais armé pour le faire. »


www.tutoratdefrancaismetacognition.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire