vendredi 19 février 2016

AUJOURD’HUI, JE PRENDS CONGÉ DE MOI-MÊME !


En me levant, ce matin, je savais que la journée serait longue : les effets secondaires de la radiothérapie ont repris du service. Ça fait maintenant tout près de cinq ans que je les ai eus, ces traitements, et il m’arrive encore aujourd’hui d’avoir l’impression d’être en plein dedans. Mais je n’ai pas le droit de me plaindre parce que je suis en vie. Parce que la tumeur que j’avais au sein droit était très petite. Parce que mes chances d’avoir une longue vie remplie de bonheur sont grandes.

Le hic est que j’enseignais le français à un de mes petits loups ce matin : à Benjamin, mon adolescent extraordinaire. Je ne voulais pas qu’il sache que j’étais affaiblie. Je voulais qu’il me sente forte parce qu’il a besoin de moi. Donc, j’ai pris une douche froide et ai retenu mes larmes. Puis il est arrivé peu après.

Avant que je commence à lui donner son cours, Benjamin m’a remis son bulletin. Il s’est amélioré dans cinq matières au cours des derniers mois, une amélioration de 160%, en comparaison aux résultats de son premier bulletin. Mais cela, je ne l’ai su qu’après qu’il fut parti puisque j’ai posé son bulletin sur la table sans le regarder et ai commencé à lui donner son cours de français.

J’étais tellement déterminée à lui donner cent pour cent de moi-même que j’ai tardé à réagir. J’ai tardé à regarder son bulletin. Le pire est que Benjamin s’est exclamé durant le cours : « Je suis fier de mes résultats. » Ce n’est que lorsqu’il fut parti que je l’ai regardé. En lisant la note augmentation 160 %, que quelqu’un a écrite en lettres cursives en dernière page de son bulletin, je suis venue les yeux plein d’eau, car une partie de moi était déçue parce que je n’avais pas su voir la perche que m’a tendue Benjamin en me donnant son appréciation sur ses résultats; d’un autre côté, j’étais heureuse. Soulagée, même. Soulagée parce que j’accomplis mon travail comme il se doit, mais, surtout, parce que j’ai l’impression d’optimiser les changes que Benjamin réalise son rêve, celui de devenir architecte.

Donc, j’ai choisi de lâcher prise sur ma condition. En fait, j’ai choisi de laisser vivre mes imperfections, d’être humaine, en fin de compte. Alors, j’ai décidé de prendre congé de moi-même ce soir, et de regarder un bon film en compagnie de mon chien adoré, petit Will.  

Manon Éléonor Rossignol
www.tutoratdefrancaismetacognition.com

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