Ce matin, quelque chose d’extraordinaire s’est produit : la
peur est passée, et j’ai pu travailler sur mon matériel pédagogique, notamment
sur le volet ‘‘ lecture ‘‘, en toute quiétude, un sentiment qui m’a fuie au
cours des derniers mois.
Au cours de ces mois, une pensée m’a envahie sur mon projet.
Je ne pouvais m’empêcher de penser aux coûts financiers qu’implique la
programmation informatique de mon matériel pédagogique, matériel qui est la
résultante de mes dix années de recherche et de développement. Et c’est là que
le bât blesse : au lieu de faire confiance à la vie, j’ai cherché à contrôler
la situation. J’avais peur. Mais la peur est passée hier soir, alors que je me cherchais un roman à lire, une activité à laquelle je me consacre
tous les soirs avant de me coucher. Une feuille placée sous une pile de romans
a attiré mon attention. Je l’ai donc prise, l’ai retournée et ai lu le texte qui
suit :
« Jusqu’à ce que l’on s’engage, il y a l’hésitation, la
chance de reculer et toujours l’inefficacité. En ce qui concerne tous les actes
d’initiative et de création, il existe une vérité élémentaire dont l’ignorance
tue d’innombrables idées et de splendides projets. En effet, dès que l’on s’engage
avec détermination, la Providence suit. Toutes sortes de choses nous viennent
en aide qui ne serait jamais survenue autrement. Une succession d’événements
découle de la décision prise, provoquant incidents, rencontres, aide
matérielle, que nul homme n’aurait rêvé voir venir à lui. J’ai appris à nourrir
un profond respect pour ces vers de Goethe : ‘‘ Ce que vous pouvez faire ou
rêver pouvoir faire, mettez-vous-y. L’audace est source de génie, de pouvoir et
de magie. » W. H. Murray. Expédition écossaise-himalayenne sur le mont Everest,
publié par J. M. Dent & Sons Ltd 1951.