mercredi 27 avril 2016

« CHER GUMBY, HIER, J’AI FAIT PLEURER UN ADOLESCENT TDA(H) ! »

                                                                 1re MOUTURE

Faute d’avoir le goût de m’adresser au Tout-Puissant puisque je me remets en question sur mes croyances religieuses ces temps-ci, j’ai décidé de faire affaire avec Gumby, que j’ai nommé l’Être-Suprême-Intérimaire-De-Dieu.

Pour les jeunes générations qui ne le connaissent pas, Gumby est un personnage animé… disons particulier, qui a fait fureur dans les années 1970.

Voici donc ce qui m'incite à m’adresser à l’Être-Suprême-Intérimaire:

« Cher Gumby, hier, j’ai fait pleurer un adolescent TDA(H) qui finit son troisième secondaire en juin prochain !

Je venais de l’évaluer sur ses compétences en français et j’avais déjà une très bonne idée sur le portrait global de sa situation sur ses apprentissages que je lui ai dépeint, bien sûr. Il fallait que je le fasse. Il fallait que je lui dise les vraies choses. Mais combien ce fut difficile pour moi de m’acquitter de cette tâche : l’adolescent accuse plus de trois années de retard sur ses apprentissages en français. Sac à papier !

En m’écoutant lui faire un compte rendu sur mes observations sur son évaluation, le petit loup est venu les yeux plein d’eau, et ça m’a brisé le cœur. Comme pour me rendre la tâche encore plus difficile qu’elle ne l’était déjà, en parlant à la maman, celle-ci m’a confirmé qu’« elle avait fait suivre son garçon par des professionnelles en éducation spécialisée pendant plusieurs années, lorsqu’il se trouvait au primaire ». De plus, elle l’a fait évaluer deux fois plutôt qu’une par une orthophoniste et un psychologue. Fudge ! Pis encore : le petit chou se trempe le pied dans son rêve depuis trois ans puisqu’il étudie dans une école de cirque.

Bien qu’on me prétende être le Département-Des-Miracles sur le redressement des apprentissages du français, il y des moments où ça devient lourd à porter, ce rôle. C’est là que j’ai le goût de tout lâcher. Mets-toi à ma place, Gumby : ce jeune garçon TDA(H) s’autodiscipline depuis plusieurs années. De plus, il étudie jusqu’à très tard le soir après l’école parce qu’il caresse le rêve de devenir un artiste professionnel.

Le hic est que, l’an prochain, ce garçon devra réussir son examen ministériel du secondaire. Et il devra aussi se taper trois cours de littérature lorsqu’il sera rendu au cégep. Puis, s’il les réussit, il devra de plus réussir l’épreuve uniforme de français. Et là, Gumby, je te le confirme, l’épreuve uniforme de français, ce n’est pas de la tarte. Je t’en passe un papier. Si tu étais à sa place, tu en perdrais des bouts de « plasticine ». Je te l’assure.

À ce sujet, imagine que tu doives disserter en 900 mots sur le sujet suivant : « Si l’on se réfère aux extraits de Molière, auteur classique, et de Balzac, auteur réaliste, on constate qu’ils prêtent la même conception de l’amour à leurs personnages, amour qu’ils décrivent de façon similaire. Critiquez la véracité de cette affirmation. […] » Mais ça, ce n’est pas le pire, Gumby. Lis les extraits des textes suivants sur Molière et sur Balzac :

« Quoi ! Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on ait plus d’yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d’un faut honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! […] 1 »

Dom Juan, extrait de l’acte I, scène II
Auteur, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière

« Aimante et coquette, Mme de Nucingen avait fait passer Rastignac par toutes les angoisses d’une passion véritable  en déployant pour lui les ressources de la diplomatie féminine en usage à Paris. Après s’être compromise aux yeux du public pour fixer près d’elle le cousin de Mme de Beauséant, elle hésitait à lui donner réellement les doits dont il paraissait jouir. […] 2 »
Père Goriot
Honoré de Balzac

Y as-tu compris quelque chose, Gumby ? Lorsque je te disais que tu en perdrais ta « plasticine », je n’étais pas très loin de la vérité. Et là, je ne t’ai pas encore parlé des erreurs : si tu commettais des erreurs de syntaxe, de grammaire, d’orthographe, de ponctuation et d’homonyme, dans ton texte, on en ferait le compte, puis, on le retrancherait de ton résultat final. En fait, on enlève jusqu’à 30 points du résultat final sur les erreurs laissées dans ta dissertation. Un chausson aux pommes, avec ça !

Cela dit, bien que je sois tentée de quitter le Département-Des-Miracles, je vais y rester : je vais relever le défi sur ce jeune garçon, en l’amenant à devenir très compétant sur ses notions de la langue française. Je vais le faire parce que ce garçon, honorable et courageux, va bien au-delà de ses peurs. Je vais le faire parce qu’il est l’espoir de demain et que ça, ça me rappelle pourquoi je fais ce que je fais.

À suivre !

Manon Éléonor Rossignol
isorypoutch.blogspot.com
www.tutoratdefrancaismetacognition.com
__________________
1.       
2.        …..



mardi 19 avril 2016

RIGUEUR ET CONSTANTE, TROISIÈME ROUND : LE CAPITAINE CROCHET CONTRE PETER PAN





Ce ne serait pas merveilleux d’avoir un enfant ! C’est le genre de réflexion qu’on tous les jeunes couples à un moment donné de leur vie. À ce sujet, je serais curieuse d’entendre le point de vue des couples qui en ont un et dont l’enfant est aux prises avec un TDA(H).

À mon avis, ceux-ci opteraient pour une version… disons plus illustrée : « Oubliez Alice au pays des merveilles et pensez plutôt au capitaine James Crochet et à Peter Pan » auraient-ils envie de leur dire, à ces couples qui rêvassent d’une belle petite vie de famille.

Si, dans l’histoire, c’est un crocodile qui s’empare du bras du Capitaine Crochet, eh bien, dans la vraie vie, c’est l’enfant TDA(H) qui, prenant des allures de Peter Pan, grignote les nerfs de ses parents, dès qu’il entre dans sa période d’adolescence.

Et je suis convaincue que plusieurs parents se sont dit ceci, en lisant soyez un port d’attache pour votre adolescent, dans mon article Rigueur et constance […], j’en ai le mal de mer, partie du texte où je fais référence aux parents à qui je propose d’agir comme un guide pour leur jeune : « J’opterais plutôt pour l’attacher sur le port ! » me lanceraient-ils sur leur adolescent qui leur fait perdre toute notion de bienséance. C’est vrai ! L’adolescent TDA(H) donne du fil à retordre.

PETER PAN EN PLEINE PUISSANCE

À la moindre petite remarque de ses parents, le jeune se met à crier contre eux, leur siphonnant au passage leur énergie. Pis encore, il leur lance un raz-de-marée d’insultes. Peter Pan s’affirme. Et il le scande haut et fort.

Déboussolés, les parents ne savent plus comment se comporter avec leur jeune qui cherche à tout prix à prendre le contrôle de sa vie. Et ils craignent que celui-ci rompe l’équilibre familial, équilibre qu’ils ont eu de la difficulté à maintenir en place d’année en année.

Survivre est le mot-clé pour les parents. Et, pour qu’ils y arrivent, ceux-ci doivent être méthodiques. En fait, plus que jamais, ils doivent être constants et rigoureux dans leur approche, dans leurs propos et dans leurs actions envers leur adolescent.

Aussi, les parents doivent apprendre à interpréter avec efficience les réactions de leur jeune : agit-il par opposition sur ses apprentissages, un trait de caractère qui se développe chez tous les enfants TDA(H), ou s’agit-il d’une incapacité de se contrôler sur ses émotions, une réaction due à son cerveau que continue de se développer ?

À QUI LA FAUTE ? À SES RÉFLEXES CONDITIONNÉS OU À SON CERVEAU EN DÉVELOPPEMENT.

Les parents doivent d’abord se remémorer comment était leur enfant sur ses apprentissages du français avant qu’il entre dans sa période d’adolescence. Il s’agit de comportements conditionnés que leur enfant a développés au fil des années, une forme de « compensation à être », puisqu’il s’est senti incompétent, ce qui, très vite, l’a amené à détester le français puisque cette matière l’a incité à éviter de se comparer à ses pairs. Autrement dit, le français l’a incité à jeter par-dessus bord son système d’émulation, qui est la base de l’estime de soi de l’être humain.

Je propose donc aux parents d’écrire, dans un carnet, les comportements conditionnés de leur enfant qu’ils parviendront à identifier. Cette étape est très importante, et les parents ne doivent pas la négliger. En fait, je leur conseille de prendre le temps de la réaliser. Cela leur permettra plus facilement d’observer leur enfant sur ses réflexes conditionnés sur ses apprentissages du français lorsqu’ils se trouveront dans le feu de l’action. Voici des exemples de réflexes conditionnés :
  • Enfant, mon garçon me répliquait tout le temps qu’il préférait faire seul ses devoirs lorsque je cherchais à l’aider à les faire. La plupart du temps, il les faisait sans y mettre de l’assiduité. Autrement dit, il les faisait pour s’en débarrasser.
  • Il me répondait tout le temps qu’il avait fini de faire ses devoirs de français et qu’il les avait déjà mis dans son sac d’école lorsque je lui demandais de me les montrer.
  • Il me contredisait tout le temps sur les devoirs que son professeur lui demandait de faire le soir, m’affirmant qu’il pouvait les faire le lendemain.
  • Il me disait très souvent qu’il n’avait pas de devoirs à faire à la maison.
  • Lorsque je lui demandais comment ça s’était passé son examen de français, il me répondait toujours la même chose : « Très bien. Je l’ai trouvé facile à faire. »
  • Ça arrivait qu’il me mente lorsque je le questionnais sur ses devoirs de français à faire à la maison : « Je n’en ai pas. »
  • Il me prétendait souvent que son enseignante n’avait pas eu le temps de corriger l’examen lorsque je lui en demandais le résultat.
  •  Il me répondait qu’ « il avait raté son examen parce qu’il n’avait pas pris le temps d’étudier les jours précédant l’examen », lorsque je lui montrais le mémo que l’enseignante m’avait envoyé pour m’informer de son résultat catastrophique.
  • Sur son incompréhension des notions enseignées en classe, il mettait ça souvent sur le dos de la professeure, prétextant qu’elle les enseignait mal.

En somme, les parents doivent établir des liens entre les comportements inadéquats qu’a adoptés son enfant au fil des années et les tâches qu’il a cherché à éviter de faire pendant tout ce temps.

Lorsqu’ils y arrivent, les parents comprennent vite que leur enfant s’est conditionné à adopter ces comportements parce qu’il était motivé à le faire, parce qu’il était motivé à protéger son estime personnelle puisqu’il le sentait menacée parce qu’il a commencé très vite à avoir de la difficulté à comprendre les notions de français qu’on lui enseignait à l’école.

Les parents doivent ensuite interpréter les comportements et les réactions survoltées de leur adolescent qu’induit le développement de son cerveau. Par exemple :
  • Mon adolescent me tient des propos injurieux lorsque je lui demande de mettre de l’ordre dans sa chambre.
  • Il me pique une crise chaque fois j’ouvre la porte de sa chambre, et ce, même si je cogne avant de le faire.
  • Il s’embarre longtemps dans la salle de bain, refusant de céder la place aux autres membres de la famille.
  • Il sort de la maison par sa fenêtre de chambre – ou par une autre manière – lorsque je lui impose une conséquence.
  •  Il est à couteau-tiré dans l’auto avec son frère ou sa sœur en fin de classes.
  • Il brandit son poing à son frère lorsque celui-ci l’agace sur son acné.
  • Il me rit au visage lorsque je lui fais voir qu’il me manque de respect.
  •  Il ne respecte pas les règles familiales.
Le parent s’aperçoit vite que les éléments mis en cause sont liés à la recherche d’identité du jeune, à son désir de prendre le contrôle de sa vie, plutôt qu’à un désir de protéger son estime de lui. Et c’est justement là où le bât blesse sur ses apprentissages : le jeune adopte une attitude inflexible dès que son parent cherche à savoir comment il performe sur ses apprentissages.


LE PARENT, L’INCARNATION MÊME DU CAPITAINE CROCHET

Le problème est que l’adolescent perd de vue le rôle que joue son parent, soit un adulte qui l’encadre. Il le perçoit comme un être doté d’une personnalité froide, dure et tranchante. L’incarnation même du Capitaine Crochet, quoi ! Un être dominant, rationnel, qui lui laisse peu de place sur son monde imaginaire, sur tout ce qui lui rappelle le monde qu’il vient à peine de quitter, c’est-à-dire son enfance.

Le parent doit alors apprendre à communiquer différemment avec son adolescent. Il doit lui tenir des propos objectifs sur ses apprentissages, établir les faits sur son comportement sur ses apprentissages, tout en lui faisant sentir qu’il comprend bien qu’il est désormais à la barre de son navire, mais qu’il y a des eaux où il doit éviter de naviguer : les limites du parent et les règles familiales.

En effet, l’adolescent doit comprendre qu’il y a des limites qu’il ne doit pas dépasser et des règles familiales qu’il doit respecter, que le parent a préétablies, bien sûr. En d’autres mots, le parent apprend à responsabiliser son adolescent sur ses actes et sur ses comportements, tout en lui faisant comprendre qu’il a des valeurs qu’il tient à faire respecter.

Lors de ses échanges avec son adolescent, bien que ce ne soit pas toujours évident à faire, le parent gagne beaucoup à se servir de l’humour lorsqu’il lui démontre de l’empathie :

« Peut-être me perçois-tu comme le Capitaine Crochet lorsque je te tiens des propos sur tes  devoirs, sur tes leçons ou sur tes résultats scolaires. Je peux le comprendre et je ne cherche pas ici à en changer ta perception. L’adolescence est une période difficile à traverser puisqu’elle provoque des conflits intérieurs.

Cela dit, c’est à toi que revient la tâche d’apprendre à te conscientiser sur tes émotions lorsqu’elles montent en toi et qu’elles te causent des conflits intérieurs ou qu’elles t’incitent à adopter un comportement conditionné qui te poussent à ne pas faire tes devoirs, comportement que tu as conditionné au fil des années pour protéger ton estime de toi, ton trouble d’apprentissage t’incitant à le faire. Cet exercice mental t’apprendra à gagner de la maturité émotionnelle.

Mais si tu sens que tu perds-pieds, que tu perds le contrôle de ta vie et que tu as le besoin d’en parler à quelqu’un, tu peux venir me voir. J’incarnerai le rôle de Nana, la chienne adorée de Peter Pan. Trêve de plaisanteries, mon grand ! Je suis là pour toi si tu sens le besoin de parler à quelqu’un. Mais tu peux aussi choisir quelqu’un d’autre que moi pour le faire, un adulte bienveillant sur qui tu peux compter, par exemple. Voilà ! Je te laisse penser à tout ça. Je t’aime très fort. »

Au bout d’un moment, un climat de respect s’installe : le parent laisse l’adolescent diriger son navire et l’adolescent parvient à garder le cap.

En fin de compte, James Crochet n’a rien de bien méchant et Peter Pan accepte de grandir. Comme quoi la réalité peut parfois dépasser la fiction !



mercredi 6 avril 2016

PAÎTRE DANS LES CHAMPS EN TOUTE QUIÉTUDE !


Ça y est ! Les finissants du secondaire reçoivent leur réponse sur leur demande d’admission au cégep. Ceux qui sont admis poussent des soupirs de soulagement. Parmi eux, il y a l’apprenant TDA(H) qui a su se tracer un chemin à travers les broussailles jusqu’à la ligne d’arrivée.

On se l’imagine facilement, le jeune adulte TDA(H), finissant du secondaire, tel un petit cervidé au pelage brun tacheté de blanc qui paître dans les prés en toute quiétude. « Il l’a bien mérité, après tout ! » vous dites-vous, en pensant à l’été qui s’en vient. « Il a travaillé d’arrache-pied pendant tout son primaire et son secondaire. Il peut bien se reposer cet été. »

Eh bien, j’ai de petites nouvelles pour vous, chers parents : il serait préférable que votre daim se transforme vite en soldat, car il fera bientôt partie d’un contingent, et il lui reste très peu de temps pour se préparer à la marche forcée dans laquelle il est sur le point de s’engager : le cégep, c’est dur. Le cégep, c’est comme l’armée. Il n’y a pas de demi-mesure. Donc, si votre jeune n’a pas appris à suivre le rythme, il va très vite se détacher du peloton.

En d’autres termes, votre jeune adulte doit désormais maîtriser ses compétences en français et être fin prêt à s’en servir, puisqu’il n’est plus question de grammaire, de savoir-lire ou d’autocorrection, au cégep. Non. Tout cela doit à présent faire partie de ses acquis. C’est ce qu’on s’attend de lui dès qu’il met les pieds au cégep.

Je vous entends penser d’ici : « Non mais… elle est décourageante ! Je ne vais plus la suivre dans son blog. Je ne veux plus rien savoir d’elle. Ce qu’elle peut être pessimiste. » Allez-y, autant que vous  voulez. Expiez-moi tant qu’à faire. Je m’en fous.

Mais, avant que vous m’arrachiez la tête ou les bras, lisez ce qui suit. Il s’agit d’un article que j’ai écrit en 2013 et qui est le résumé, en fait, d’une enquête que j’ai menée pendant trois ans sur nos jeunes, notamment sur leur motivation sur leurs apprentissages du français.

En terminant, je vous rassure : je suis déjà en train vous écrire la suite de cet article-ci qui, en réalité, s’adresse à votre jeune sur ce qu’il devrait faire au cours de l’été prochain pour bien se préparer à son entrée au cégep : BROUTER DANS LES PRÉS OU SE PRÉPARER POUR « L’ARMÉE » !   

En attendant, je vous souhaite bonne lecture !


Le français démotive les étudiants

Le ministère de l’Éducation s’en lave les mains ; les enseignants tombent comme des mouches; les parents prennent la clé des champs. À qui la faute ?

 « Ça vous fait vingt dollars », me lance une voix caverneuse. Là, derrière le comptoir-caisse de la station-service, un jeune homme, le teint blanc comme de l’albâtre, me regarde avec con-sidération. Il attend que je lui paie mon dû. Je l’ignore alors, mais nos destins viennent de se croiser.

Son nom est Yannic, le mien, Nanny Mc Phee. La Nanny Mc Phee des tutrices de français. Un drôle de sobriquet, je l’avoue, mais c’est justement ce pseudonyme qui intrigue Yannic. Aussi, au cours de mes visites éclair à la station, il me raconte son histoire. Il a redoublé son premier cours de littérature, et ça l’a tellement démotivé qu’il a abandonné ses études collégiales.

On pourrait penser que Yannic est un cas isolé, mais Frédéric d’Anjou ne le croit pas. Selon ce professeur de littérature, qui enseigne au cégep Gérald-Godin, des centaines de cégépiens maîtrisent mal, comme Yannic, les règles de grammaire élémentaires. L’automne dernier, ce fut l’hécatombe dans sa classe : « 70 % de mes étudiants ont échoué à leur premier cours de littérature. De plus, le Centre d’aide en français (CAF) ne suffit plus à la demande. »

Au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), on rapporte que « 9 502 collégiens se sont inscrits à un cours de rattrapage en français en 2001-2002 ; ce nombre a grimpé à 13 964 étudiants en 2009-2010[i] ».

Solidaire de ses pairs, Yannic lance haut et fort : « La langue française nous donne du fil à re-tordre et nous démotive. »

“ Douze fautes par phrase, Monsieur ”

Mais comment se fait-il que nos jeunes soient si incompétents, et leur motivation, si « fragile » ? Diane Bourgeois connaît les réponses. Selon elle, le problème ne date pas d’hier. Députée du Parti québécois, madame Bourgeois a été enseignante au début de sa carrière. C’était une en-seignante engagée et qui n’avait pas peur des mots. Je la rencontre à son bureau à Terrebonne.

« Vous savez, la note, c’est très relatif », me lance-t-elle, d’entrée de jeu. « La direction de l’école où j’enseignais a exigé qu’on fasse passer de 57 % à 70 % la moyenne des groupes. » Madame Bourgeois et ses collègues ont d’abord refusé de se conformer à cette directive. Le directeur les a alors placés devant un choix : « Ou bien on se pliait à sa demande ou bien on allait devoir apprendre aux jeunes à écrire correctement. L’enjeu ici est une question de perception : là où les jeunes échouent, il y a des professeurs incompétents. »

Se souciant peu du qu’en dira-t-on, madame Bourgeois et une collègue ont choisi d’apprendre aux jeunes à écrire. Ce que la direction n’a pas apprécié, pas plus que les parents. « Alors qu’un parent me lançait des bêtises à la figure, je cherchais, dans ma pile de copies, la composition écrite de son enfant […]. Le parent a figé net lorsque je la lui ai mise sous les yeux. “ Douze fautes par phrase, Monsieur ”, lui ai-je alors lancé. »

Avant de pester contre l’enseignant, le parent ne devrait-il pas discuter avec son enfant ? C’est justement là le problème. À notre époque, le parent vit à cent milles à l’heure et il n’a pas le temps de discuter avec sa « progéniture ». En fait, il n’a même pas le temps d’être présent. À la Direction de la protection de la jeunesse de Montréal (DPJ), on est au fait de cette réalité : « Des
enfants nous disent : “ Je veux bien rentrer à 21 h, mais, quand j’arrive, j’ai un message de mon
père qui me dit qu’il reste à coucher chez sa blonde”, déclare Sylvie Piché, intervenante à la DPJ. Les parents sont partout, sauf à la maison[ii]. »

La loi est pourtant claire : « La responsabilité d’assumer […] l’éducation de l’enfant et d’en assurer la surveillance […] incombe à ses parents en premier lieu[iii]. » Si les parents prennent la clé des champs, une personne responsable doit compenser pour leur absence. Selon madame Bourgeois, c’est l’enseignant qui assume cette charge. En plus d’enseigner sa matière, celui-ci encadre l’enfant, l’encourage et l’épaule, une charge de travail trop lourde, qu’il ne peut tenir bien longtemps, car, très vite, il s’épuise. De fait, les professeurs tombent comme des mouches : « 15 % à 20 % des jeunes enseignants quittent la profession au cours des cinq premières années suivant leur entrée sur le marché du travail[iv]. »

« On a enlevé le sens premier, la raison d’être de l’école, celui d’instruire le jeune pour qu’il puisse bien fonctionner plus tard, affirme madame Bourgeois. C’est aux parents d’éduquer l’enfant », ajoute-t-elle, inquiète pour la profession et pour la relève.

La députée est aussi d’avis que l’enseignant contemporain couvre mal ses arrières : « À notre époque, l’enseignant veut se faire aimer de ses élèves. Et il le fait parce qu’il veut éviter qu’on l’associe à la rigueur. Alors, il met de côté son autorité. » Le jeune s’adapte en conséquence : il devient familier avec l’enseignant, le critique et se dresse contre lui s’il le punit. En fin de compte, le jeune manque d’assiduité dans la réalisation de ses devoirs et est moins attentif au cours. Bref, il ne se sent pas responsable de sa réussite scolaire.

Il faut dire que l’élève d’aujourd’hui est un adepte de la loi du moindre effort. En fait, l’effort n’a pas la cote dans le monde des jeunes. Madame Bourgeois a sa théorie sur le sujet. Elle fait remarquer que les enseignants et les parents encensent les enfants sous prétexte qu’ils ne veulent pas les démoraliser et les empêcher de progresser : « On souligne “le petit peu d’effort” du jeune. Alors, celui-ci croit qu’il doit faire un minimum d’effort pour réussir ses études. Doit-on s’étonner qu’il ne maîtrise pas la matière ? » Doit-on aussi s’étonner que le jeune baisse les bras dès qu’il rencontre des difficultés dans la compréhension d’une notion ? À notre époque, l’on ne doit même pas s’étonner qu’il pense arrêter ses études s’il échoue à son année scolaire.

La députée croit qu’« un enfant qui redouble son année scolaire se prépare à la réalité de la vie ». Mais le parent voit la chose autrement. Il veut éviter à son enfant de la souffrance. Alors, il remue ciel et terre pour lui éviter de redoubler. Le ministère de l’Éducation a cru lui aussi que le redoublement nuirait au développement de l’enfant. Dans les années 2000, il a amendé la réforme de 1980. Dès lors, le redoublement au secondaire a été proscrit, une mesure qui a fait couler beaucoup d’encre. Or, la ministre Michelle Courchesne a mis fin à cette mesure en 2008. Elle a aussi fait le constat de l’échec du renouveau pédagogique : « Oui, admet-elle, les connaissances ont été éparpillées dans un océan de compétences transversales et disciplinaires[v]. »

En mars 2011, Simon Larose conforte les affirmations de la ministre. Professeur à l’Université Laval et directeur de l’évaluation du renouveau à l’enseignement secondaire, monsieur Larose a découvert que les élèves du renouveau pédagogique échouent davantage que leurs prédé- cesseurs. L’on parle de « 5,5 % de plus[vi] » que les cohortes précédentes.

Une partie truquée

Des milliers d’étudiants paient le prix aujourd’hui de cette réforme. C’est le cas de notre ami Yannic. Juste à l’idée qu’il doit réviser les notions de base, il se sent dépassé. Or, il sait qu’il n’existe aucun moyen d’éviter cette étape, aucun raccourci s’il veut obtenir son diplôme collégial. Alors, comme il a redoublé le premier des trois cours de littérature, la barre lui paraît haute.

Mais le sentiment d’impuissance et de frustration que vit Yannic n’explique pas tout. Le jeune homme vit l’échec comme une fatalité. En fait, il ne parvient pas à en tirer parti, à le voir comme une expérience qui le prépare à la réalité de la vie. Et puis, son estime personnelle est touchée. Alors, il joue une partie truquée d’avance : dans l’éventualité où la langue française le mettrait à nouveau en échec, il déclarerait forfait en décrochant. Ensuite, il jouerait une partie plus facile, le diplôme d’études professionnelles (DEP).

L’on peut facilement appréhender le pire pour Yannic, qui fait partie du groupe de personnes qui risquent de décrocher. Dans le rapport 2004-2005 du MELS, on rapporte que seulement « 63,6 % des garçons obtiennent leur diplôme du secondaire, alors que 77,1 % des filles y parviennent[vii] ».

À ce sujet, madame Bourgeois affirme que le gouvernement travaille en ce moment sur un projet de loi : « Le Conseil du patronat du Québec se demande s’il n’y aurait pas lieu d’exiger du gouvernement qu’il établisse une loi empêchant les entreprises d’embaucher les étudiants de 16 ans et moins. Le recrutement des jeunes encourage la problématique de la main-d’œuvre bon marché. Il contribue, de plus, au phénomène de décrochage scolaire. Il y a aussi les coûts : les jeunes “raccrocheurs” coûtent cher à l’État. »

L’abécédaire de la motivation

Si l’on trouvait des solutions à leur démotivation, moins de jeunes abandonneraient leurs études.
Madame Bourgeois me parle de solutions qu’elle me présente sous la forme d’un abécédaire, avec la rigueur comme toile de fond.

Il y a d’abord la valorisation de la profession d’enseignant, valorisation qui doit s’amorcer auprès de la société. Pour cela, les enseignants doivent être compétents. L’enjeu ici est capital : « Tu ne peux donner ce que tu n’as pas eu », lance madame Bourgeois, en parlant des ensei-gnants contemporains. Et d’ajouter : « Je parle du laxisme de ceux qui devaient les évaluer. »

Et elle n’a pas tout faux. Selon François Lépine, coordonnateur du Centre de développement des compétences langagières de l’Université Laval, « moins du quart des futurs enseignants obtien-nent un résultat supérieur à 75 % [viii] » au Test de certification en français écrit pour l’enseigne- ment.

Il y a ensuite les parents. L’enfant doit être suffisamment encadré. La base, c’est l’élémentaire : la présence et l’intérêt de la mère et du père sont nécessaires. À ce sujet, madame Bourgeois précise que les parents jouent un rôle déterminant dans la perception que l’enfant a du maître : « Les parents doivent faire valoir l’autorité du maître auprès de son enfant. Ils doivent lui faire comprendre que les notions qu’on lui enseigne à l’école sont les outils dont il aura besoin pour améliorer ses conditions de vie. »

Il y a, de plus, la formation des élèves au niveau secondaire. Pour mieux préparer les jeunes aux études collégiales, les experts du MELS doivent inclure des notions de littérature, très tôt au secondaire. Les courants littéraires et les procédés d’écriture doivent donc être au programme de l’enseignement secondaire.

Enfin, il y a la qualité du français dans toutes les matières. Le corps enseignant devra ici être solidaire. Le fait est que l’enseignant de chimie d’aujourd’hui ne corrige pas les fautes de français dans les rapports de ses élèves. Selon madame Bourgeois, c’est là que le bât blesse : « On a conservé une rigueur à propos du français, mais pas dans l’ensemble des matières. Que fait-on de la rigueur linguistique, lexicale et l’exactitude des termes dans les textes d’histoire, par exemple ? »

Oui, la rigueur et l’effort soutenu s’imposent dans l’apprentissage de la langue française, mais ces qualités ne font pas partie des habitudes de travail de l’élève contemporain. À son entrée au cégep, il a un choc : « Au secondaire, on pouvait étudier juste une journée, dit Émilie à La Presse qui l’a suivie, l’automne dernier. Mais, là, on a tellement de choses à apprendre par cœur qu’il faut étaler l’étude sur plusieurs jours[ix]. »

Que pense la Fédération étudiante collégiale (FEC) des étudiants de la réforme ? Elle est consciente qu’ils s’intègrent avec difficulté. De fait, le nombre de jeunes aux prises avec des troubles d’apprentissage ne cesse de grimper. « Il est passé de 426 à 1 071 en deux ans[x] », d’après la fédération.

Sur un ton plus alarmiste, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse estime que « le nombre de jeunes aux prises avec un trouble d’apprentissage a quintuplé en quatre ans, variant de 860 à 4 309 étudiants[xi] ».

Si l’on ne s’entend pas sur les chiffres, l’on s’entend pour dire que le problème est inquiétant. En 2008, la ministre Michelle Courchesne a tenté de redresser la barre, en rétablissant le redou- blement et les pourcentages dans les bulletins. Elle a même sorti la dictée des « boules à mites ». Mais cela n’a pas suffi, car la situation a continué à se détériorer. De fait, à la mi-février 2011, la ministre Courchesne a révélé que pratiquement le tiers des étudiants avaient échoué à l’épreuve uniforme de français, à l’automne 2010. L’incompétence linguistique des jeunes semble évidente. Dans le rapport du MELS, on rapporte que « 17,6 % des étudiants ayant subi l’épreuve uniforme de français, en mai 2010, ont démontré une maîtrise “insuffisante”, “très faible” ou même “nulle” de l’orthographe et de la syntaxe, comparativement à 25,9 %, en août de cette même année »[xii].

Le portrait de la situation est assez sombre. Malgré cela, il y a de l’espoir. Au collège Gérald-Godin, on pratique des règles que l’on retrouve dans l’abécédaire de madame Bourgeois. Psychologue au collège, Diane D’Astout enseigne les rudiments de la motivation aux moniteurs qui travaillent au CAF : « Un étudiant en contrôle de son apprentissage “égale” un étudiant res- ponsable de ce qui lui arrive “égale” un étudiant qui performe. » C’est dans ce contexte que le moniteur révise les notions de base avec l’étudiant. Il lui apprend, en fait, à maîtriser sa matière.

Aussi, au fil de ses visites au Centre, l’étudiant regagne de la confiance. Le moniteur l’accom-pagne durant toute la session, au cours de laquelle il note son assiduité dans un cahier de travail. De plus, il produit deux rapports qu’il remet aux enseignants de littérature. L’étudiant a peu de marge de manœuvre à propos des séances manquées : après deux absences, on lui enlève le privilège de l’aide au CAF. En somme, le collège insuffle de la rigueur dans toutes les étapes de l’aide qu’il prodigue à l’étudiant.

Une langue, une nation

Tout compte fait, la question de la démotivation chez les jeunes va bien au-delà de la langue. L’on devrait plutôt parler de volonté collective, celle du peuple québécois. Celui-ci semble avoir oublié l’importance du rôle que joue la culture dans la société. C’est ce que pense madame Bourgeois : « L’éducation et l’instruction sont les pierres angulaires d’une nation. S’ils veulent conserver leurs richesses et protéger leur langue, les Québécois devront retrouver leur fierté. »
Yannic, lui, a retrouvé la sienne. Il a adopté des comportements positifs. Cela l’a mené à prendre des décisions éclairées. Il a suivi des cours de français en privé l’hiver dernier et prévoit les poursuivre jusqu’à ce qu’il maîtrise les notions élémentaires de la grammaire. Il a de plus entrepris une démarche pour régler un trouble d’apprentissage. Mais il sait que la partie se jouera à son retour au cégep l’automne prochain. Et il compte bien la jouer avec intégrité.







[i] DION-VIENS, Daphnée, « Les cégépiens traînent la patte en français » [En ligne], http://www.cyberpresse.ca/actualites/ quebec-canada/education/200909/21/01-903826-tes
[ii] MALBOEUF, Marie-Claude, « Dehors, mon enfant ! », La Presse (25 septembre 2010), p. A2.

[iii] QUÉBEC, LOI DE LA PROTECTION DE LA JEUNESSE, « Interprétation et application » [En ligne], http://www. cdpdj.qc.ca/fr/commun/docs/LPJ.pdf

[iv] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT.  « L’intégration des nouveaux enseignants : une approche pour favoriser l’insertion et encadrer l’enseignant » [En ligne], http://www.mels.gouc.qc.ca/sections/ vie. pédagogique/152/index.asp?page=horsDos_3
[v] OUIMET, Michelle, « Heureux mais ignorants », La Presse (6 septembre 2008), p. A7.

[vi] LAROSE, Simon, « Quelques indicateurs du profil sociomotivationnel des élèves » [En ligne], http://www.fse.ulaval.ca/
simon.larose/rech/index.php

[vii] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT, « L’obtention d’un diplôme du secondaire » [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/ sections/ publications/ publications/Ens-Sup/Affaires-universitaires_c

[viii]  ZIARKO, Hélène, et LÉPINE, François, « La maîtrise de la langue : une complainte ou un tube pour les facultés des sciences  de l’éducation » [En ligne], http://id.erudit.org/iderudit/50248ac
[ix]  LACOURSIÈRE, Ariane,  « Mi-trimestre au cégep : nostalgie et étude au menu », La Presse (16 octobre 2010), p. A5.
[x] DION-VIENS, Daphnée, « Troubles d’apprentissages : une urgence, dit la Fédération des cégeps  [En ligne], http: //www.cyberpresse.ca/le_Soleil/actualités/education/201008/25/01-430920-troubles
[xi] DION-VIENS, Daphnée, « Troubles d’apprentissages : une urgence, dit la Fédération des cégeps » [En ligne], http: //www.cyberpresse.ca/le_Soleil/actualités/education/201008/25/01-430920-troubles
[xii] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT, « Résultats aux épreuves de langue d’enseignement et littérature » [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/ stat/ indic.06/ docum06/Indic06_472829.pdf


BIBLIOGRAPHIE

Sites internet

DION-VIENS, Daphnée. Troubles d’apprentissages : une urgence, dit la Fédération des cégeps [En ligne], http://www.cyberpresse.ca/le_Soleil/actualités/education/201008/25/01430920-trou- bles (Page consultée le 21 février 2011)

DION-VIENS, Daphnée. Les cégépiens traînent la patte en français [En ligne], http://www. cyberpresse.ca/actualites/ quebec-canada/education/200909/21/01-903826-tes (Page consultée le 19 février 2011)

LAROSE, Simon. Quelques indicateurs du profil sociomotivationnel des élèves [En ligne], http: //www.fse.ulaval.ca/simon.larose/rech/index.php (Page consultée le 22 avril 2011)

QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT. L’intégration des nouveaux enseignants : une approche pour favoriser l’insertion et encadrer l’enseignant [En ligne], http://www.mels.gouc.qc.ca/sections/vie.pédagogique/152/index.asp?page=horsDos_3
(Page consultée le 04 mars 2011)

QUÉBEC, LOI SUR LA PROTECTION DE LA JEUNESSE. Interprétation et application [En ligne], http://www.cdpdj.qc.ca/fr/commun/docs/LPJ.pdf (Page consultée le 10 mars 2011)

QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT. L’obtention d’un diplôme du secondaire [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/Ens
Sup/Affaires-universitaires_c (Page consultée le 03 mars 2011)

QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT. Résultats aux épreuves de langue d’enseignement et littérature [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/ stat/ indic.06/ docum06/Indic06_472829.pdf (Page consultée le 10 février 2011)

QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT.  Recruter, sélectionner et affecter les enseignants  [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/dft/psrinterieur/ pdf/attirer_f.pdf (Page consultée le 12 février 2011)

ZIARKO, Hélène, et François, LÉPINE. La maîtrise de la langue : une complainte ou un tube pour les facultés des sciences de l’éducation En ligne], http://id.erudit.org/iderudit/50248ac (Page consultée le 12 février 2011)


Articles de périodique

LACOURSIÈRE, Ariane « Mi-trimestre au cégep : nostalgie et étude au menu », La Presse (16 octobre 2010), p. A5.

MALBOEUF, Marie-Claude. « Dehors, mon enfant ! », La Presse (25 septembre 2010), p. A2.

OUIMET, Michelle. « Heureux mais ignorants », La Presse (6 septembre 2008), p. A7.


Entrevues

ROSSIGNOL, Manon Éléonor. Entrevue avec Madame Diane Bourgeois, députée du Parti Québécois, Terrebonne, le 28 janvier 2011.

ROSSIGNOL, Manon Éléonor. Entrevue téléphonique avec Madame Diane D’Astout, psychologue et orthopédagogue, le 28 février 2011.

ROSSIGNOL, Manon Éléonor. Entrevue téléphonique avec Monsieur Frédéric D’Anjou, professeur de littérature au cégep Gérald-Godin, le 28 février et le 22 avril 2011.

ROSSIGNOL, Manon Éléonor. Entrevue téléphonique avec Monsieur Simon Larose, enseignant et directeur de l’évaluation du renouveau à l’enseignement secondaire, le 22 avril 2011.

























vendredi 1 avril 2016

RIGUEUR ET CONSTANCE, DEUXIÈME ROUND : J’EN AI LE MAL DE MER !


DE MOUSSAILLON À CAPITAINE

En voyant votre adolescent vous péter une coche, vous vous dites ceci, j’en suis certaine : « Ça doit être un surplus d’hormones. » Ou ceci, lorsqu’il commet une bévue : « Non, mais, il le fait exprès ! »

Eh bien, jetez l’ancre : il n’est pas question d’hormones pas plus qu’il n’est question de mauvaises intentions volontaires ! Alors, à quoi devez-vous attribuer la faute des réactions survoltées de votre adolescent ou la cause de ses actions parfois si répréhensibles que vous en avez le « mal de mer » ? À son cerveau.

En effet, quelque chose se produit dans le cerveau de votre adolescent, notamment dans son cortex préfrontal, siège des fonctions cognitives, soit la zone du cerveau où naissent le raisonnement, la déduction, le jugement et la planification.

En fait, son cerveau continue de se développer, et votre adolescent compose mal avec les « tempêtes réactionnelles » que cela provoque en lui, ce qui l’incite à interpréter les faits de façon subjective. Autrement dit, il rationalise avec difficulté les évènements qui se produisent dans son quotidien. Aussi, comme il a l’impression de trébucher à travers la vie, et faute d’être capable d’y voir clair, il vit sa vie à travers son ressenti.

Or, votre adolescent sait qu’il doit se comporter de façon convenable durant les heures de classes, ce qui lui demande de faire des efforts substantiels sur le contrôle de ses émotions. Bien sûr, en fin de journée, il se sent épuisé. Et, lorsqu’il rentre à la maison, au moindre coup de vent, ne serait-ce qu’un seul commentaire de votre part, il devient irascible. En somme, vous lui servez de soupape d’échappement, puisqu’il ressent un trop plein d’émotions, émotions qu’il cherche à évacuer. C’est une question de « survie émotionnelle. »

L’ADOLESCENCE D’UN TDA(H), ÇA SE PASSE COMMENT

Alors, comment cela se passe-t-il dans la tête d’un adolescent TDA(H) ? Avec beaucoup d’intensité, je dirais. Ce sont les mots qui me semblent le mieux décrire ce que ressent un adolescent. Tout se passe de manière très accentuée, car, en plus de devoir subir les réactions que provoque le développement de son cerveau, il doit apprendre à composer avec certaines dysfonctions sur ses capacités cognitives.

Comme résultat : au moindre signe de représailles de votre part, votre adolescent est prêt à vous jeter par-dessus bord. Donc, inutile de lui souffler vos réprimandes. Elles ne feront que lui rendre son périple plus houleux qu’il ne l’est déjà. À la place, soyez tolérant, résilient même. Accepter qu’il soit parfois, voire très souvent, exécrable. Et n’oubliez pas de lui faire sentir que vous êtes là pour lui.

En fait, bien qu’il cherche à devenir capitaine de son propre navire, parce que les courants d’eau sont tumultueux à cette période de sa vie, il reste ouvert à entendre vos suggestions. Soyez son capitaine second, celui qui lui viendra en aide lorsqu’il ne saura plus comment ajuster ses instruments de navigation, celui qui le secondera lorsqu’il ne saura plus s’orienter : rappelez-lui que vous comprenez qu’il cherche à prendre son autonomie, que vous comprenez qu’il n’est plus votre moussaillon, mais qu’il a encore besoin de vous, de votre appui, que l’encadrer fait partie de votre fonction et que votre affection lui est plus que jamais nécessaire, même salutaire.

Soyez son port d’attache : cette personne qui lui montre la valeur de l’émotion. Soyez un parent qui sait faire comprendre le sens des émotions à son adolescent pour qu’il agisse et qu’il fonctionne convenablement dans la société pendant qu’il traverse cette période tumultueuse qu’est l’adolescence.

« Alors, comment fait-on pour distinguer une perte de contrôle émotionnelle due à l’adolescence d’un comportement d’opposition que cause le déficit d’attention lorsque mon adolescent réagit à outrance ? » vous demandez-vous.

C’est ce que vous découvrirez dans mon prochain article Rigueur et constance, 3e round.